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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

sion. Birro se leva pour me recevoir et m’embrassa : marque d’honneur dont il était très-avare. Il me fit asseoir à ses côtés, et, après les premières questions :

— Qui t’a escorté jusqu’ici ? me dit-il.

— Personne.

— Par la mort de Guoscho ! Je reconnais là mon père.

Et se tournant vers quelques seigneurs :

— Voilà bien l’imprévoyance de Monseigneur, ajouta-t-il. Il a toujours besoin de quelqu’un qui pense pour lui. Mes soldats osent à peine circuler dans ce pays, et il laisse venir Mikaël jusqu’à moi sans escorte, quand il eût donné tout au monde pour le retenir auprès de lui !

Birro me recevait dans une hutte construite en roseaux, ronde, d’environ sept mètres de diamètre, conique par le haut, et entièrement revêtue d’un chaume épais. Elle n’avait pour ouverture qu’une porte basse et étroite, et quoiqu’en plein jour, l’obscurité y eût été complète sans quelques torches tenues par des pages.

Les chefs ont l’habitude, lorsqu’ils doivent passer quelques jours dans un campement, de faire construire une hutte contiguë à leur tente, qui sert alors comme d’antichambre. Cette précaution devient surtout nécessaire dans le Dambya où, pendant une partie de la belle saison, les mouches sont en si grande quantité qu’on a de la peine souvent à ne pas en avaler à chaque bouchée. Dans quelques localités, elles constituent un véritable fléau pour les hommes et pour les animaux ; une espèce surtout, armée d’un fort aiguillon, désespère les chevaux et les bœufs au point de les rendre intraitables. Le