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Page:Abbadie - Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie.djvu/587

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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

protester ostensiblement, ne fût-ce que pour la dignité de l’épaulette.

J’envoyai une lettre à mon frère ; le manque d’une occasion pour Aden retarda sa réponse. J’eus à échanger une correspondance avec le gouverneur pour faire lever l’interdiction faite aux patrons de barques indigènes de me recevoir à leur bord ; et je m’embarquai pour Berberah, après avoir séjourné un mois à Aden.

Je me séparai à regret de mon aimable hôte, le lieutenant Ayrton, qui, de même que les autres officiers de la garnison, ne douta pas un instant du caractère de mon frère, mais qui n’hésita pas à manifester l’indépendance de ses sympathies pour un voyageur qui se dévouait au culte de la science.

Après quatre jours de mer, nous mouillâmes dans la partie rade-foraine de Berberah.

Berberah est situé dans le pays des Somaulis, sur la côte d’Afrique, faisant face à celle d’Aden. Pendant cinq mois de l’année, il s’y tient une foire alimentée par les caravanes venant de l’intérieur, du royaume de Harar surtout, et par les petits bâtiments arrivant de la Perse, de l’Inde, de Mascate, de Zanzibar et de l’Arabie. Il s’y fait beaucoup d’affaires, vu le commerce relativement assez restreint de ces parages ; la première caravane y arrive au commencement de décembre, et la dernière en repart vers la fin d’avril. À un jour fixé, les Somaulis, qui forment sa population annuelle, abandonnant leurs campements et leurs maisons en nattes, chargent leurs femmes, leurs enfants et leurs ustensiles sur des chameaux, et partent dans toutes les directions pour l’intérieur ; tous les navires reprennent la mer ; et