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DOUZE ANS DE SÉJOUR

poignets, dont le collet très-étroit tombe en deux pointes jusqu’à la ceinture, et en une toge dont la qualité varie selon leur état de fortune. Leur cordon de chrétienté est sans périaptes et sans amulettes. Ils se rasent fréquemment la chevelure et portent un turban volumineux et de forme particulière, par dessus une calotte de cotonnade. Les hauts dignitaires ecclésiastiques et les titulaires d’abbayes importantes portent par dessus la toge une espèce de burnous en drap bleu ou en soie brodée, semblable à celui des femmes de haut rang.

Tel est, d’une façon générale, le costume du peuple éthiopien ; la toge en est la pièce principale et fondamentale ; quant aux pièces accessoires, elles varient selon les provinces et les exigences locales.

Il ne faut pas croire que ces vêtements, qui semblent calqués sur ceux de la plus haute antiquité, soient immutables et refusent satisfaction au goût de changement, grain de folie inné dans l’homme, qui fait en partie sa noblesse, son charme et peut-être aussi son danger. La mode règne en Éthiopie ; ses décrets y sont souverains, ses caprices, ses extravagances même y sont accueillies. Les Éthiopiens qui ont si longtemps joui de grandes libertés politiques et civiles, ne s’astreindraient que difficilement à s’emprisonner dans des formes de costume invariables, et, dans cet ordre d’idées, de même qu’en Grèce et à Rome, leur costume, sans s’écarter complètement des grandes règles de l’esthétique, a l’avantage de se prêter aussi à cette inquiétude, à ces tâtonnements incessants de l’esprit humain, toujours à la recherche de la perfection.

Plus qu’ailleurs peut-être, en Éthiopie, les habitudes physiques et les tendances morales de l’homme