Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sentiment de la félicité, lors qu’on considère celle-ci en general.

La diversité des sentimens des Philosophes sur la nature du bonheur n’est pas au fond si grande qu’elle paroit d’abord. Leur opinion se reduit à celle d’Épicure, qui faisoit consister essentiellement la felicité dans le plaisir ; ce qui vous paroîtra très raisonnable, pourveu que vous separiés un plaisir pur, noble, delicat, durable, assuré, de la volupté des sens qui a des caractères tout opposés à ceux-là, & que vous distingués entre le bonheur & ses fondemens, ce qu’il a plu aux hommes de Confondre, pour avoir le plaisir de se contredire à la faveur d’un mal entendu. Car quand Boëce definit la felicité, l’absence de tous les maux & la possession de tous les biens, il faut remarquer qu’il definit la felicité entiere & parfaite, & non un bonheur incomplet & défectueux ; & d’ailleurs que c’est définir la felicité par ses fondemens. Labsence des maux est necessaire pour nous empêcher d’être miserables : mais ce n’est pas elle qui nous rend heureux. La