Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
L’Art de se

nous fussions capables d’aucun examen. Car l’Auteur de la nature qui a veu quel inconvenient c’estoit, que de renvoier les hommes à manger & a boire, jusqu’a ce qu’ils eussent connu par le raisonnement, de quelle manière les alimens se changent en chyle, le chyle en sang, le sang en chair, os & c. Et comment les pertes de la nature corporelle, qui se font par la transpiration, se reparent par la nouriture, a trouvé bon d’engager les hommes à prendre des alimens par une voye plus abregée, qui est celle du sentiment, à la quelle on peut aîouter la foy qu’ils ont en leur peres & meres, dont l’imitation est pour eux une raison naturelle qui leur épargne la discussion.

On peut dire de même que s’il faloit qu’un homme connût par raison l’immortalité de son ame, sa fin & ses devoirs, qui sont les principes les plus generaux de la Morale, pour pouvoir remplir les devoirs de celle-ci, il faudroit qu’il fût Philosophe, avant qu’il peut estre homme de bien. Dieu qui est l’Auteur de la Religion comme ce-