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L’Art de se

bles ou desagreables à la veüe. C’est se tromper bien grossierement que de s’imaginer que le Soleil, lors que sa veüe nous ébloüit, envoye vers nous une simple image, & que sa clarté n’enferme point de sentiment. La penisée est plus parfaite que le Soleil ; cependant elle ne nous éblouit pas, pourquoy ? C’est que nous connoissons la pensée par une idée, qui nous la represente sans sentiment, & que nous apercevons la lumiere du Soleil par un sentiment ; & non par une simple image de cet astre. Ce qui ne nous permet pas d’en douter, c’est qu’on ne peut disconvenir, qu’il n’y ayt du sentiment là où il y a plus & moins de sentiment ; or dans la lumiere, il y a plus & moins de sentiment. La lumiere d’une bougïe enferme assurément moins de sentiment, que celle d’un grand flambeau ; celle-ci moins que celle du Soleil ; la lumiere du Soleil moins que celle d’un éclair. Le sentiment, dira-t.on, n’est point dans la lumiere : mais il est causé par la lumiere dans nôtre ame. Je l’avoüe : mais je soûtiens aussì, que nôtre ame attache