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d’impôts, imposés contrairement aux prescriptions religieuses. Ses impôts étaient prélevés sur tout ce qui se vendait aux divers marchés de Tunis. Tout vendeur en gros ou en détail était tenu de remettre au Sultan une somme fixée d’avance, depuis un dirhem jusqu’à un dînâr et même davantage. Ce prélèvement existait depuis bien longtemps quand Dieu inspira à Aboû Fâris l’idée de l’abolir. C’est ainsi qu’il renonça au produit du marché des marchands d’huile, estimé à 300 dînârs d’or[1] ; du marché des olives, 5000 dînârs ; du marché des comestibles, à 5000 dînârs ; du marché des épiciers à 150 dînârs[2] ; du marché des bestiaux, à 10,000 dînârs ; du marché des légumes, à 300 dînârs[3], du marché du charbon, à 1000 dînârs ; du marché des poutres à l’usage des Bédouins, à 1000 dînârs ; quelques impôts provenant de corvées, à 3000 dînârs ; du marché des marchands de bric à brac, à 100 dînârs[4] ; du marché des chaudronniers, à 100 dînârs[5] ; du marché des charlatans, à 50 dînârs ; du marché des cuirs, à 50 dînârs[6] ; du marché du sel, à 1500 dînârs. Il permit aussi la fabrication des savons, dont jusqu’ici les sultans avaient le monopole.

Mais la meilleure chose qu’il fît, sous ce rapport, fut l’abolition de l’impôt sur la débauche. Le prélèvement de cet impôt, dont le produit était très considérable, était confié au gouverneur de la ville. (Certains de ses agents, chargés de le percevoir gagnaient jusqu’à 3 dînârs 1/2 par jour). Notre Seigneur Aboû Fâris, ayant fait cesser cette perception, abolit également l’impôt sur les joueurs de flûte et les chanteurs. De même encore il renonça à l’impôt prélevé sur les prostitués, tenus à des services dans le palais du Sultan, et ayant appris les vilaines pratiques de ces gens-là, il les chassa de tous les endroits de son royaume.

Au commencement de son règne il fit une incursion en Sicile, s’empara de la ville de Tirkouna (?) dont il abattit les murs et revint à Tunis avec beaucoup de butin et de prisonniers. Ses victoires et ses

  1. Nous avons laissé cette énumération pour qu’on puisse se représenter l’importance du commerce de Tunis à cette époque. La plupart de ces marchés (ou Souk) existent encore sous les mêmes noms qu’au temps de notre auteur.
  2. Un Man. lit : 5000.
  3. Deux Man. : 3000, d’accord avec Ibn Aboû Dînâr.
  4. Quelques mms. 200.
  5. Ibn Aboû Dînâr dit : 1000.
  6. Un M. 3.