Page:Abd-Allâh ibn Abd-Allâh - Le présent de l'homme lettré.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ces paroles sont en contradiction manifeste avec les précédentes et de plus renferment une erreur grossière. Quant à la contradiction, elle est évidente entre la première parole de Jean, attribuée au Christ : « Celui qui m’a envoyé rend témoignage de moi » (au sujet de la vérité de sa mission prophétique), et la seconde parole de Jean dans laquelle il fait dire par le Christ aux apôtres : « Vous avez vu mon père et vous le connaissez ; celui qui m’a vu, a vu mon père ». Il en est de même de la montagne de Taboûr, où les trois qui étaient avec Jésus auraient entendu la parole du père, c’est-à-dire, du maître de l’univers, disant au sujet du Christ : Celui-ci est mon fils que je me suis choisi. À Dieu ne plaise qu’un homme puisse entendre sa voix, ou qu’il lui soit associé un compagnon ou un fils ! Comment donc pourrait-il témoigner de Jésus qu’il est son fils ! Non, tout cela est erroné et faux, et les chrétiens, en toutes ces choses, n’ont d’autre but que de donner créance à leurs dogmes sur la nature et la filiation divines de Jésus. Mais Dieu, par son pouvoir et par sa sagesse, les a fait tomber dans la contradiction.


§ 7. — Erreurs que les évangélistes ont faussement attribuées à Jésus.


Au chap. XXII de son évangile, Luc dit : « Jésus dit aux apôtres : Satan a voulu pervertir la fermeté de votre foi ; puis il dit à Pierre qui était parmi eux : J’ai prié mon père de ne pas donner occasion au diable de pervertir votre foi. »

Eh ! bien, peu de jours après que Jésus lui eut annoncé que le diable n’aurait pas occasion de pervertir sa religion, Pierre a renié Jésus et a apostasié ; oui, c’est Pierre et nul autre des disciples, qui s’est rendu coupable de reniement. Remarquez comment les chrétiens traitent un homme que non-seulement ils croient infaillible, mais encore Dieu et fils de Dieu. Quoi ! Jésus annonce qu’il a prié en faveur de l’un de ses disciples, pour que Dieu ne donne pas occasion au diable de pervertir la fermeté de sa foi, et c’est précisément le disciple, spécialement désigné par cette prière, qui, à l’exclusion de tous les autres disciples, est devenu infidèle, qui a renié sa foi et dont Satan a perverti la foi et la religion. On a peine à se figurer comment un pareil récit qui raconte une prophétie en même temps que son démenti a pu se glisser dans les évangiles. Quant à nous, nous préférons admettre que Jésus n’a rien dit de tout cela.