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ustensiles d’or, des vêtements de soie, des fleurs et des mets ! Ces histoires sont des arguments contre vous et bien que les livres prophétiques ne les mentionnent pas, tous les savants théologiens en reconnaissent la vérité. Mais vous êtes des gens ignorants qui ignorez que vous ignorez.

Ce même livre contient encore le récit suivant : Chaque jour à l’heure du déjeûner et du dîner les anges apportèrent à St-Antoine[1] divers mets provenant des gens du Paradis. Certain jour, un homme pieux et très-saint, nommé Paul[2], étant venu le visiter, les anges apportèrent, ce jour-là, le double de nourriture qu’ils avaient l’habitude d’apporter chaque jour dans des ustensiles d’or, recouverts de serviettes de soie. Les récits de ce genre abondent dans leurs livres. Je les passe par crainte, de longueur, mais personne ne pourra contester l’exactitude de ceux que j’ai rapportés.

5o Les chrétiens reprochent finalement encore aux Musulmans de s’appeler par des noms de prophètes. Comment, leur demandons-nous, pouvez-vous nous en blâmer ? Si nous prenons leurs noms à eux, qui sont issus de race humaine, c’est uniquement afin de nous attirer par là des bénédictions. Vous devriez plutôt adresser ce reproche à vous-même qui vous appelez par des noms d’anges, comme Gabriel, Michaël, Azariël. À cela ils n’ont rien à répondre[3].

  1. Shantoûn, Sanantoûn.
  2. Var. : Paulus, l’esclave.
  3. Il est généralement admis parmi les chrétiens et tout particulièrement parmi les écrivains français, qu’avant la venue de Jésus la condition de la femme était misérable et abaissée, que l’établissement de la religion chrétienne a changé la condition de la femme, l’a rendue honorée et respectée, en un mot, que le christianisme a rendu la femme libre. D’après l’opinion de certains auteurs francs le culte de Marie (que Dieu nous garde du polythéisme) fut la cause de ce changement.

    Cette assertion pèche de deux façons : d’abord, elle est fausse, car les livres des prophètes, les annales, tant du peuple d’Israël que celles du peuple romain et des autres peuples anciens, attestent que la femme occupait une place très honorée. Ensuite, la religion de Jésus n’a apporté aucune modification à la condition de la femme. Ce sont les apôtres Pierre (c’est-à-dire Simon) et Paul qui ordonnent à la femme d’obéir à son mari, lui refusent de prendre la parole dans les églises et lui prescrivent d’avoir à l’église la tête découverte.

    Si plus tard il a été permis à la femme européenne de parler avec un homme qui ne fût pas de ses parents, cette coutume ne découle nullement du christianisme, mais elle est empruntée aux coutumes des anciens Germains qui, après avoir vaincu l’empire romain, ont régné sur la plupart des pays francs.

    L’habitude de se couvrir le visage, l’absence de toute conversation entre femmes et hommes, tel que cela se pratique chez les musulmans, ne sont au-