Page:Abd-Allâh ibn Abd-Allâh - Le présent de l'homme lettré.djvu/8

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ridionale étaient des plus fréquentes : c’étaient des traités de commerce sans cesse violés et renouvelés, des envois d’ambassadeurs suivis plus d’une fois d’invasions et de pillage, des échanges de présents et bien plus souvent de prisonniers.

Quant à la personne de notre auteur, nous n’en savons que ce qu’il nous raconte lui-même. Malgré tous nos efforts, il ne nous a pas été possible jusqu’ici d’en apprendre davantage. Nous ignorons le nom qu’il portait avant sa conversion ; nous ignorons même l’année de sa mort. Nous savons seulement qu’il est enterré à Tunis. Sa tombe, qui se trouve au milieu du Souk des Selliers, est encore actuellement l’objet d’une grande vénération. Les renseignements des auteurs arabes sont également sans nous rien apprendre[1].

Mais bien plus que l’auteur, c’est l’ouvrage qui nous intéresse. Et ici nous avons tout lieu d’être satisfaits.

Les ouvrages de polémique et d’apologétique musulmanes ne font certes pas défaut[2] ; mais les polémistes se font tous remarquer par leur ignorance presque complète du christianisme et de ses dogmes. Il n’en est pas ainsi pour notre auteur et c’est bien pour cette raison que son traité a fait époque dans le monde musulman et y est encore populaire. Dans sa réfutation des dogmes chrétiens, il fait preuve de connaissances théologiques et bibliques si étendues pour son époque, qu’à elles seules elles nous sont un garant de l’authenticité de son livre. Nous trouvons aussi une preuve de cette authenticité dans la partie biographique de l’ouvrage. L’auteur y raconte son enfance, sa jeunesse, ses études, ses ouvrages, sa conversion avec une simplicité qui porte tout le cachet de la vé-

  1. Sous le règne de l’émîr Aboû’l-Abbâs arriva Abd-Allah le Drogman, qui avait été prêtre chrétien. Il embrassa l’islâm entre les mains de l’Émîr. Il a composé le Présent de l’Homme lettré pour réfuter les partisans de la Croix. Dans cet ouvrage il parle de l’Émîr et le loue (Hist. d’Ibn Aboû-Dînâr). — Devant l’émîr Abou’l-‘Abbâs, Abd-Allah le Drogman embrassa l’islâm. Il avait été prêtre et a composé le « Présent » dans lequel il loue l’Émîr (Hist. d’Al-Mas‘oudi).
  2. On en trouve une longue liste dans un travail de M. Steinschneider. Zeitschr. f. Kunde des Morgenlandes, b. VI.