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ACTE III




Scène PREMIERE



CORIOLAN, VIRGILIE, ALBIN.
CORIOLAN.


NE me repliquez point, je ſçais où je m’engage.
Allez avec ma garde occuper le paſſage.
Laiſſez-moy : je veux eſtre un moment ſans témoins.
Qu’aucun n’approche. Allez, Albin, je vous rejoins.
Madame, ſi jamais nos fortunes égales…


VIRGILIE.

Ah ! Seigneur, m’arracher du milieu des Veſtales ?
Venir ſur ces chemins à mon paſſage ouverts,
Vous-meſme de vos mains me recharger de fers ?
Me ramener encor ſous ces fatales tentes,
Où j’ay tant répandu de larmes impuiſſantes…


CORIOLAN.

Dites plus : ou propice à des peuples ingrats,
Vous avez ſans pitié conjuré mon trépas.
Entre Camille & vous ma perte eſt reſoluë :
Vous fuïez ; & pour fuir vous évitez ma veuë.
Quãd les cruels Romains m’arrachoiẽt de vos bras,
Ah ! Virgilie, alors vous ne l’évitiez pas !