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DU PÈRE.

d’une année… Je ne savais pas demander. Un jour pourtant je volai un pain, un pain que j’ai payé, monsieur. J’avais fait une commission pour un jeune étudiant, je reçus un petit écu. Je courus chez le boulanger, j’achetai un pain, et je laissai sur son comptoir le prix de celui que j’avais volé…

» Il y a trois mois que je suis ici, parce qu’on m’a trouvé expirant sur une place publique. Maintenant, croyez-vous que je puisse vouloir m’attacher encore à la vie ?… La faim, l’abandon, le vol !… Adieu, monsieur ; je vous remercie d’avoir écouté l’histoire de ma vie ; quand j’ai voulu la conter à mon médecin, il m’a ordonné le silence… Y a-t-il des médecins quelque part pour guérir les maux de l’ame ? qu’on me mène à leur hôpital… »

Et un rouge vif colorait la joue du malheureux ; et il me souriait, et il me tendait une main décharnée que je pressai dans les miennes.

— « Allons, du calme, lui dis-je. Je ne suis