Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/115

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de défier celui des combattants de l’autre armée qui se dirait le plus amoureux de sa dame. »

Des traits de cette sorte abondent en nos vieilles chroniques. Plus intimement qu’à aucune époque l’amour se mêle à toutes les actions des hommes. Ne nions pas, bien entendu, tout ce qu’il y avait de convenu et d’artificiel dans un tel état d’esprit. Pour beaucoup de chevaliers, sans doute, le respect agenouillé devant la femme fut pure affectation, simple snobisme. N’importe, une mode a d’abord été l’expression du goût, du sentiment d’une majorité, et les gestes extérieurs contribuent, malgré qu’on en ait, à former l’âme. Dans le petit monde fermé de la chevalerie, — mais ce petit monde est l’élite de la force et de l’esprit, — le féminisme triomphe, puisque la femme est jugée moralement supérieure à l’homme et l’amour de la femme le mobile dernier des actions humaines.