Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/150

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de corps pour se faire régir par les beaux esprits plus capables de raison et d’équité, en quoi la femme excellait ».

La femme, affirme également Marguerite de Navarre, possède le transcendant des choses créées. Nous retrouvons ici le vocabulaire mystique de ceux qui, au lieu de revendiquer simplement l’égalité des sexes au nom de la raison, réclament la supériorité de la femme au nom de son aptitude particulière à saisir le divin.

La femme, intermédiaire désigné entre l’homme et Dieu : nombreux sont, au seizième siècle, ceux qui, fils spirituels des gnostiques et des Albigeois, développent cette thèse. L’Italien Ruscelli s’agenouille devant la beauté féminine qui élève l’homme jusqu’à Dieu.

L’érudit Guillaume Postel, savant en langue latine, grecque, hébraïque, docteur en Cabale, et dont les voyages en Orient ont développé le mysticisme mégalomane auquel son esprit nébuleux et déséquilibré était naturellement porté, rencontre à Venise une créature singulière qu’il ne désigne jamais sous un autre nom que celui de Mère Jeanne et qu’il prétend épouse de Jésus. De la mère Jeanne, nous savons seulement qu’elle usa sa vie à soigner les malades, qu’elle méprisa tous les biens du monde, qu’elle maltraita son corps malingre jusqu’à le rendre presque immatériel et qu’au cours de ses visions où elle apercevait le Christ dans le Ciel et le Diable au centre de la Terre, son visage abject se transfigurait au point de la faire apparaître — à cin