Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/151

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quante ans — sous les espèces d’une vierge de quinze ans. Guillaume Postel, qui prétendit réincarner son âme libérée, lui attribue le dessein de compléter, par le moyen des femmes, la rédemption que le Christ laissa inachevée… Ainsi parlait deux siècles auparavant, dans cette même Italie, Guillelmine de Bohême. Postel, dont l’inspiration est faite d’un mélange singulier de féminisme, d’exaltation prophétique et d’impérialisme français, se propose donc de relever les femmes, et par elles la France et le monde.

Cornélius Agrippa, qui dédie à Marguerite d’Autriche, tante de Charles-Quint et gouvernante des Pays-Bas, son livre de la Supériorité du Sexe féminin, donne, dans le fatras d’arguments qu’il accumule en faveur du sexe, une prépondérance évidente aux raisons théologiques. Entre autres celles-ci assez imprévues : la femme n’a eu, quoi qu’en dise la tradition biblique, aucune part à la chute de l’homme. À qui en effet la défense de toucher aux fruits de la science ? À l’homme seul, la femme n’étant pas encore créée… Plus tard, lorsque le Christ vint sur la terre, c’est par humilité pure qu’il se fit homme… le beau sexe étant trop noble et trop sublime pour ce qu’il se proposait.

Et voici encore, plus subtil et d’une portée assez haute, ce raisonnement : la Bible nous montre les femmes bénies pour des actions qui, chez l’homme, seraient jugées blâmables : exemples Judith et Raab la courtisane… Donc, la femme est au-dessus des