Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/188

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arguant de la faiblesse de sa raison et de l’infériorité de son intelligence. « En admettant chez les hommes une supériorité d’esprit qui ne soit pas la suite nécessaire de la différence d’éducation, cette supériorité ne peut consister qu’en deux points ; on dit que nulle femme n’a fait de découverte importante dans les sciences, n’a donné de preuve de génie dans les arts, dans les lettres… mais sans doute on ne prétendra point n’accorder le droit de cité qu’aux seuls hommes de génie. »

« Combien d’hommes, s’écriera au vingtième siècle une militante, nous reprochent de n’avoir fourni ni un Shakespeare, ni un Napoléon… qui ne sont eux-mêmes, il s’en faut, ni des Shakespeare ni des Napoléon ! »

« Exceptée cette petite classe (celle des hommes de génie), l’infériorité et la supériorité, poursuit Condorcet, se partagent également entre les deux sexes ; et la capacité d’être chargé des fonctions publiques, pourquoi en exclurait-on les femmes, plutôt que ceux des hommes qui sont inférieurs à un grand nombre de femmes ? »

D’ailleurs les femmes sont susceptibles, comme l’homme, des qualités et des vertus qui font les citoyens.

Elles ne sont pas, dit-on, conduites par la raison ? Oui, pas par la raison des hommes, mais par la leur ! Elles obéissent plutôt à leur sentiment qu’à leur conscience ! Mais c’est l’éducation, c’est l’existence sociale qui cause cette différence.

« Éloignées des affaires, de tout ce qui se décide d’après la justice rigoureuse, d’après des lois positives, les choses sur lesquelles elles agissent sont