Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/211

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ils trouvèrent en Robespierre, comme ils auraient trouvé en Louis XIV, un irréductible ennemi… La Révolution fit peu pour les femmes, et peut-être est-il vrai que, comme le prévoyait dès 1790 un écrivain français, comme l’a écrit Michelet, elle a échoué parce que les femmes ne s’y intéressèrent pas suffisamment… Les femmes, en effet, ne furent-elles pas, avec Mme  Tallien et les Merveilleuses, les agents les plus actifs de la réaction thermidorienne ?

Et pendant la dernière année de la Convention, sous le Directoire, les femmes règnent comme sous Louis XV, dans les salons ; mais leurs velléités d’émancipation sont bien condamnées… Un pamphlétaire, Sylvain Maréchal, demande qu’on interdise aux femmes d’apprendre à lire, « la nature les ayant douées en compensation d’une prodigieuse aptitude à parler ». L’ordre de fer du Consulat et de l’Empire ne laisse même plus aux femmes la possibilité de manifester, si elles l’ont encore au cœur, leur désir d’indépendance. Comme sous Louis XIV, la société est rétablie solidement sur ses bases antiques. Et l’article 312 du Code Napoléon : « La femme doit obéissance à son mari, » semble sur la porte de la Cité nouvelle, l’inscription dantesque : « Laissez ici toute espérance… »

Mais en silence, Fourier et Saint-Simon élaborent leurs théories, d’où quelques années plus tard un nouveau féminisme va surgir.