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Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/233

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Le manifeste du féminisme américain. — Est-ce la vague d’enthousiasme et d’espoir soulevant l’Europe vers la liberté qui alors se propage vers l’Amérique ? est-ce plutôt, c’est probable, l’effet d’une pure coïncidence ? 1848 est une date décisive dans l’histoire du mouvement féministe américain. Au début du dix-neuvième siècle, nombreuses sont celles qui ont pris en main la cause des femmes. Elles n’obtiennent rien d’abord, et les leaders décident d’adopter une tactique à la fois généreuse et habile : avant de réclamer leur propre affranchissement, combattre pour la libération des victimes de la plus grande injustice, après celle qui les accable elles-mêmes : les Noirs.

C’est en 1851 que Mme Beecher-Stowe écrit la Case de Ponde Tom, qui aura sur l’opinion publique une si grande influence. Mais vingt années auparavant, une quakeresse, Lucretia Mott, douce, bonne et d’une charité sans bornes, a entrepris une campagne en faveur des nègres. Et voilà les femmes qui tiennent des meetings, publient des tracts, écrivent dans les journaux politiques. Tout en poursuivant, sans y mêler aucune revendication personnelle, ce seul but : la libération des esclaves, elles obtiennent déjà ce résultat d’une importance capitale : montrer au public que les femmes savent traiter avec méthode et zèle de grandes questions d’intérêt public.

Mais les apôtres de la liberté des noirs se trompent si elles s’imaginent que les hommes accepteront d’elles-mêmes cette aide, désintéressée ; elles