Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/232

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sonnelles, l’émancipation féminine est seulement l’une des conditions, mais nécessaire, de l’affranchissement du pays. Quel est, dans les circonstances tragiques que traverse la Pologne, le devoir des femmes ? Double devoir, répond le leader des Exaltées, Narcyza Zmichowska. D’abord, soulever ces tentures de soie et de velours qui tiennent, dans son salon comme dans un harem, la femme séparée du monde ; descendre au forum et là s’emparer, comme d’un domaine vraiment féminin, des questions sociales que, sans l’aide de la femme, l’homme ne peut résoudre. Ensuite aider, et de toutes ses forces, les hommes qui palpitent, souffrent, combattent et meurent pour la liberté.

Quelques-unes des exaltées voulurent en effet réaliser ce programme. À tous les mouvements qui alors agitent la Pologne, des femmes prennent part. Martyre de sa foi féministe et patriotique, Narcyza Zmichowska languit deux ans dans la citadelle de Lublin… Et la même pierre tombale étouffe les espérances des femmes et celles de la Pologne…

Tandis que Jeanne Deroin forçait la porte des réunions électorales, que Louise Otto et Narcyza Zmichowska élaboraient un programme d’action féministe, une jeune Danoise de dix-neuf ans publie (1849) les Lettres de Clara Raphaël, première manifestation en Danemark du féminisme ; et les Hongroises qui s’agitent pour leur émancipation politique savent, dans les légions de Kossuth, mourir pour la liberté !