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MATRIARCAT ET PATRIARCAT 17

Dans quelle mesure ? Si nous voulons nous en rendre compte, laissons 1a les textes grecs ou latins, et consultons les récits des voyageurs qui ont étudié sur place, les mœurs des derniers sauvages, les étu- des sociologues qui, pour leur part, ont essayé, au moyen de ces données, de refaire Esprit des lois. Nous verrons, en mainte région du globe, ce même spectacle : sur la grande place d’un village primitif, dans l’espace grossièrement circulaire laissé par les huttes de paille dont le toit conique, semblable 4 un gigantesque éteignoir, tombe jusqu'à terre, ou par les tentes de feutre, sur la steppe brûlé de l’Asie, dans la clairière des forêts d’Afrique, dans la prairie colombienne, la tribu nègre, kalmouke ou indienne, tient son assemblée générale, od, elle discute des grands intérêts du peuple et elle décide de la paix et de la guerre. Les femmes y assistent comme les hommes. Et si, chez les indigènes sibériens, elles se tiennent respectueusement debout, formant avec les jeunes gens, un troisième cercle muet, autour des hommes qui eux-mêmes entourent les vieillards as- sis, chez les Bambaras de notre Afrique occidentale Française, et chez bien d’autres peuples nègres, les les femmes délibèrent avec les hommes et les matrones de la Colombie-Britannique fument le calumet du conseil avec les vieillards.

L’assujettissement des femmes n’est donc ni une loi de la nature ni un fait universel. Sans aller avec Bachofen jusqu’& soutenir que tous les peuples ont

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