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Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/241

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HISTOIRE DU FÉMINISME

dans les pays où les lumières n’ont pas pénétré, sont la couleur, la race, la religion ou, dans les pays conquis, la nationalité, le sexe l’est pour toutes les femmes. » Si étonnant que cela puisse paraître aux hommes, peu portés à s’indigner, voire à s’étonner d’une injustice dont ils bénéficient, l’assujettissement des femmes est la dernière survivance d’un despotisme qui est un legs des âges barbares et qui, dans une société policée, est une anomalie, puisque nulle bonne raison ne le justifie.

Nulle bonne raison ? mais vous voulez rire ! s’écrieront les tenants de l’ancien système ; et Stuart Mill de leur démontrer que leurs prétendues bonnes raisons sont de spécieux prétextes comme ceux qu’ont de tous temps trouvés tyrans et classes privilégiées pour justifier leur usurpation.

La coutume universelle ? Mais cette coutume est loin d’être absolue ; vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà, « Les sauvages sont étonnés de voir les Anglais gouvernés par une reine ; les Anglais l’admettent, mais trouveraient contre nature une femme membre du Parlement. »

La nature de la femme ! Mais l’homme connaît-il vraiment la nature de la femme, qui, depuis des siècles, vit comme une plante de serre dans des conditions artificielles ? Tant que l’on n’aura pas fait l’expérience {et on ne l’a pas faite jusqu’ici) de la pleine égalité des sexes, on ne pourra pas soutenir que la femme n’ait pas les mêmes capacités professionnelles et politiques que l’homme. Mais, au fait, l’expérience a été tentée, dans un domaine restreint sans doute, mais avec succès. Reines, impératrices, régentes, gouvernantes de province ont, au cours des âges,