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LES GRANDES CAMPAGNES FÉMINISTES

composé un assez nombreux personnel politique où la capacité et le talent, voire le génie, furent proportionnellement plus fréquents que chez les ministres et les souverains.

Aujourd’hui, « quand une principauté de l’Inde est gouvernée avec vigueur, intelligence, économie, quand l’ordre règne sans oppression, quand la culture des terres devient plus étendue, c’est, trois fois sur quatre, qu’une femme y règne ».

Peut-être ! Mais si le sexe féminin a donné Jeanne d’Arc, Catherine II, Élisabeth, il n’a fait naître ni Molière, ni Shakespeare, ni Beethoven ! Est-ce une raison, répond Stuart Mill, pour assujettir les femmes ? Si oui, maintenons dans la servitude les quatre-vingt-dix-neuf centièmes du genre humain. D’ailleurs, ce sont justement les facultés qu’on veut bien leur reconnaître dont on interdit aux femmes l’emploi. Car « nulle loi n’interdit aux femmes d’écrire les opéras de Mozart et les pièces de Shakespeare, mais on leur interdit de s’intéresser à ces fonctions publiques pour lesquelles elles sont éminemment douées ».

Mais la vocation de la femme est avant tout la maternité ? Vocation irrésistible ? « Les hommes semblent croire que la prétendue vocation des femmes est ce qui répugne le plus à leur nature et que, si elles avaient la liberté de faire tout autre chose, le nombre des femmes qui accepteraient volontiers la condition qu’on dit leur être naturelle serait insuffisant. » Autrement dit, et la remarque est fine et profonde, la vocation maternelle de la femme est assez forte pour se manifester en n’importe quelle circonstance et quel que soit d’ailleurs le statut féminin.