Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

malgré les campagnes menées auprès des cours suprêmes des différents États et de la cour suprême de l’Union pour obtenir, des plus hautes autorités Judiciaires, une nouvelle définition favorable aux femmes du mot citoyen, malgré le refus opposé par certaines femmes de payer l’impôt (telle l’héroïque fermière du Connecticut qui laissa vendre l’une après l’autre toutes ses vaches) et la propagande accomplie par ces étudiantes dévouées s’engageant à ne se marier que lorsqu’elles auraient converti cinq cents électeurs, le suffrage féminin ne fit d’abord que de bien lents progrès. C’est seulement en 1893 que le Colorado, suivi, en 1896, par l’Idaho et l’Utah, firent des femmes des électeurs. Puis, nouvelle pause, presque aussi longue que la première.

En revanche, la fin du dix-neuvième siècle est une époque où, avec bien plus de succès que leurs sœurs d’Europe, les jeunes filles américaines tentent la conquête de toutes les professions masculines. On compte en 1900 aux États-Unis 5 millions de femmes qui travaillent, dont 1 300 000 dans l’industrie et 500 000 dans le commerce. Et déjà bien avant qu’elles ne le fassent en France et en Angleterre, les ouvrières ont commencé à s’organiser pour obtenir l’adoucissement de la loi d’airain. Pouvant, dans les mêmes conditions que les hommes, acquérir les connaissances indispensables, les jeunes filles de la bourgeoisie se sont lancées à l’assaut des positions libérales et des situations lucratives du commerce et de l’industrie. En 1900, constate un auteur américain, on trouve 253 femmes banquiers, 1 271 principaux employés de banques, 2 883 qui occupent des situations importantes dans des sociétés commerciales,