Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/262

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féminisme pacifiste prend naissance : bientôt les Autrichiennes ne seront pas seules à le professer.

Le développement du féminisme en Suède. — En Suède, le féminisme subit, sous l’action des femmes de lettres qui longtemps restent les vraies dirigeantes de l’opinion féministe, mainte évolution nouvelle.

Deux écrivains de talent, la baronne Sophie d’Adlersparre et Anne-Charlotte Leffler, combattent pour la liberté du travail. « La femme a besoin du travail, déclare l’une, et le travail a besoin de la femme. » Elle fonde la première revue féministe suédoise, qui porte le titre bien caractéristique Revue pour le Foyer et fait ouvrir des typographies qui emploient exclusivement des femmes. Mêmes idées chez Ernst Ahlgren ; pour celle-ci encore tout s’enchaîne. La liberté d’éducation permettra celle du travail, et la liberté du travail celle du mariage. La femme gagnant sa vie « ne se mariera plus par nécessité économique, mais selon son cœur ». Les romans d’Ernst Ahlgren, d’Anne Leffler, et de la baronne d’Adlersparre connurent parfois de très gros succès, et, de leur vivant même, elles eurent cause gagnée.

Peu à peu certaines carrières masculines, les banques, les bureaux, s’ouvrirent aux femmes. Mais celles-ci, « enivrées de leur triomphe (on compte dans certaines administrations jusqu’à 72 p. 100 d’employées), engagèrent le féminisme dans des voies toutes nouvelles ». Les émancipatrices avaient