Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/294

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tôt le féminisme avec la W. S. P. U. et que les mots féministe et suffragette deviendront synonymes.

Quelle est donc la méthode de celles qu’en Angleterre on appelle volontiers « les militantes » ? Dédaignant comme des conquêtes de peu d’importance l’accession aux comités scolaires ou d’assistance publique, et même le vote dans les assemblées des villes, des bourgs et des comtés, elles ne veulent voir qu’une chose : le suffrage politique qui s’échappe sans cesse dès qu’elles croient l’atteindre. Le gouvernement se moque d’elles avec ses éternelles promesses ; il s’en moquera tant qu’on n’aura pas renoncé à des méthodes pacifiques et surannées. Seules, la force, la violence imposeront le respect du droit. Les suffragettes ont donc voulu se signaler à l’attention du monde ; cortèges tumultueux, chevauchées épiques par les rues de Londres, lâchers de cerfs-volants portant l’inscription fatidique : Votes for women, pièces, brochures, affiches, pétitions monstres enfin et agitation dans la rue, tels sont leurs procédés favoris, procédés renouvelés des Chartistes de 1848. Vis-à-vis du gouvernement, leur seule tactique est l’obstruction. « Il faut, a dit Mrs. Manson, s’opposer à tout gouvernement qui est au pouvoir… Il faut faire ce qu’on ferait en cuisine pour faire cuire un beefsteak : le retourner jusqu’à ce qu’il soit cuit. » Métaphore culinaire mise à part, il s’agit de créer des embarras au gouvernement jusqu’à ce qu’il ait donné satisfaction. On peut même, à l’occasion, s’en prendre directement aux gouvernants. Il n’est pas mauvais, pour inspirer à MM. Lloyd George ou Asquith le respect de la parole donnée, de les houspiller quelque peu durement.