Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/295

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Les suffragettes ont de point en point réalisé leur programme.

Non contentes des processions monstres où, sous la bannière verte et violette, étendard des prophétesses des temps nouveaux, défilent dans les rues de Londres des milliers de manifestantes à pied et à cheval, rythmant leur marche aux sons d’une musique guerrière, ou des promenades sur la Tamise en des escadres dont chaque unité porte sur d’immenses banderoles, en lettres de trois pieds : Votes for women, moyens tapageurs, mais inoffensifs et qui atteignaient au résultat cherché : attirer l’attention du public, les suffragettes, après l’échec des projets suffragistes de 1905, 1906, 1907 et 1908, corsèrent leur action de terrorisme. C’est peu de chose encore que de se glisser, sous des déguisements variés, dans les réunions électorales ou la Chambre des Communes et de surgir brusquement, sous la forme inattendue d’un télégraphiste ou d’un plombier, en face d’un ministre ou d’un candidat pour l’accabler de plus ou moins bibliques injures. C’est peu que de grouper trois cents amazones pour aller mettre le siège devant le parlement ou devant le domicile particulier de M. Asquith. Mais ne sont-elles pas de trop fidèles disciples des terroristes de l’Inde et des révolutionnaires d’Irlande, ces jeunes fanatiques qui brisent les vitres, détruisent des boites aux lettres, tuent des chiens qui n’en peuvent mais, saccagent les plus beaux quartiers de Londres et vont jusqu’à préparer l’incendie et l’assassinat ? N’a-t-on pas vu, même, cette chose inouïe et qui dut faire tressaillir dans leur tombe les poètes romantiques : des femmes saccageant une serre et piétinant des fleurs ? Et quelques