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Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/313

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l’outil ou la plume, et de l’esprit d’organisation qu’elles ont acquis aux heures moins tragiques où elles combattaient pour leur seule liberté. Précisément, dans tous les pays, se pose le terrible problème : assurer la vie économique et la vie intellectuelle de la nation, tout en dirigeant sur l’avant toutes ses forces vives. Et, bon gré mal gré, il faut puiser dans l’immense réservoir de forces inexploitées : le peuple féminin. Impérieuse nécessité pour les gouvernants de fournir à tous les rouages les pièces et ressorts de rechange sans lesquels s’arrêterait net la machine sociale ; obligation pour des millions de femmes mariées devenues femmes seules de gagner leur vie sans le secours de l’homme et de tenir sa place au foyer ; enthousiasme patriotique enfin de toutes celles qui, habituées déjà à l’action politique et sociale par la pratique du féminisme militant ou simplement touchées de cette grâce qui fait les sublimes ou les patientes héroïnes d’une vie de labeur, voulurent de toute leur âme mettre au service de la patrie de nouvelles énergies ; autant de circonstances qui amènent les femmes à participer plus largement qu’elles ne le firent jamais à la vie sociale.

Les femmes au travail et à la guerre. — Dans tous les pays donc, c’est, officielle ou spontanée, la mobilisation féminine. En France, où, dès le 4 août 1914, M. Viviani a lancé son célèbre appel aux paysannes, promues soldats de la moisson, nul ne se préoccupe d’organiser d’abord les forces féminines, et c’est au hasard et non sans à-coups que les