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femmes vont, de l’usine au lycée, du bureau militaire au volant, remplacer les hommes[1].

Sans obtenir de diriger officiellement la mobilisation féminine, même lorsqu’ils ont formé l’Union pour l’enrôlement des Françaises, les groupes féministes français s’efforcent de diriger, de la façon la plus utile pour elles-mêmes et pour le pays, les bonnes volontés dont l’expression leur arrive, nombreuse et touchante. En France, cependant, la mobilisation féminine ne fut jamais, sauf en ce qui concerne les ouvrières d’usine, et les deux dernières années de la guerre seulement, organisée avec une méthode capable d’éviter le gaspillage de temps et d’énergie. Comment s’en étonner alors qu’on escomptait une guerre courte, où la vie du pays pouvait sans inconvénient demeurer suspendue, alors que, pour cette raison même et sous l’influence d’un préjugé vivant encore, nul ne songeait sérieusement à mobiliser les femmes au service du pays, ni surtout à confier aux femmes l’organisation d’une pareille tâche ?

En Angleterre, en Amérique, où non seulement les sociétés féministes ou antiféministes, mais les associations religieuses, corporatives, mondaines, les sociétés de tempérance, groupaient des millions d’adhérentes, l’état-major féminin était tout trouvé et déjà nombreux, puissant, organisé. C’est lui qui prit en mains, et avec vigueur et méthode, la mobilisation féminine. Le gouvernement trouva dans les

  1. Nous ne prétendons pas tracer ici un tableau de l’activité des femmes pendant la guerre. On le trouvera dans notre ouvrage : les Vaillantes et dans les Femmes, la guerre et les révolutions (en préparation).