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égyptienne, de tous ses biens. Les briques innombrables, contrats chaldéens et assyriens dont l’activité des chercheurs amène constamment au jour de nouveaux exemplaires, nous la montrent accomplissant, sans l’autorisation de son mari, tous les actes juridiques et toutes les transactions : testaments, donations, contrats d’achat, de vente et d’entreprise.

Le mari n’est maître ni de la vie de sa femme ni de ses biens, et, s’il vient à la répudier, lui doit, d’après le code d’Hammurabi, une part de sa propre fortune. Veuve, fille ou mariée, la femme est témoin non seulement en justice, mais pour tous les actes civils. Un grand nombre des actes juridiques que nous possédons sont revêtus de signatures féminines. Partout la femme agit, comme l’écrit l’une d’entre elles sur l’un de nos contrats de brique, « dans la liberté de sa volonté ». Belle formule qui est à l’avance celle de toutes les femmes que meurtrira le joug marital.

Dans la société, bien que le matriarcat ait disparu, si, chez les habitants de la Mésopotamie, il a jamais existé (ce qui n’est pas prouvé), la femme tient néanmoins une place prépondérante. Et sans doute le culte des déesses féminines (de la lune en particulier), qui règnent au panthéon chaldéo-assyrien, explique-t-il cette prépondérance. Celle-ci, d’ailleurs, disparaît ; mais longtemps l’égalité subsiste.

Essayons avec un assyriologue contemporain de ressusciter la vie d’une petite cité du bas Euphrate, quatre mille ans avant notre ère : « La femme y occupe une situation privilégiée, elle jouit de la liberté et des honneurs. » Égales de l’homme, ces femmes du peuple pour lesquelles, dans le but d’encourager (déjà !) la natalité, on a institué le salaire familial ;