Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/75

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lois, beaucoup moins formelles d’ailleurs jusqu’au dernier siècle de l’empire que celles des législations émanées du Code Napoléon, voit-on la femme romaine tenir une place considérable dans la société. Sans compter les mille petits métiers où, comme nous le montrent les peintures funéraires et les inscriptions, la femme est bien réellement associée à l’homme pour la tâche quotidienne, sans compter les ouvrières de l’industrie textile, très nombreuses dans les villes helléniques d’Asie Mineure et d’Égypte, et qui fournissent une importante partie de la main-d’œuvre, l’accès des professions dites libérales est ouvert à la femme. Dès la fin de la république on vit des femmes, en très grand nombre, étudier le droit et quelques-unes plaider elles-mêmes devant les tribunaux. Le rôle d’Hortensia, que l’on range d’ordinaire parmi les avocates, fut politique plus que juridique. Mais l’histoire a recueilli en outre le nom de deux femmes qui affrontèrent le barreau. Amasia Sentia, qui plaida elle-même sa cause avec tant de talent qu’elle emporta, avec le gain de son procès, les applaudissements de l’auditoire, et cette Afrania qui eût fait pâlir de jalousie la comtesse de Pimbêche, puisqu’elle pouvait plaider elle-même les innombrables procès qu’elle engageait !

Curieuse figure que celle de cette passionnée de la chicane qui, sans cesse engagée dans des affaires, pour elle-même et pour sa clientèle, parlant avec une furieuse véhémence, étourdissait les juges de ses « aboiements ».

L’activité d’Afrania jugée, même en un siècle de liberté, indiscrète par les tenants de la loi des ancêtres, devait être fatale à tout son sexe. Après la mort