Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/80

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les soldats qui la saluent du nom de « mère des camps », elle tient à Rome une académie où, parmi les grandes dames de sa cour, resplendissantes de soie, d’or et de perles, les poètes, les rhéteurs, les grammairiens prennent place, où l’on discute religion, politique et archéologie sous la direction experte de l’impératrice, vraie Mme  Geoffrin de l’antiquité.

Victorina, mère de l’empereur Gaulois Victorinus qui, au troisième siècle, créa le premier royaume des Gaules, est, elle, toute énergie ; après la mort de son mari, elle conserve seule le pouvoir et l’exerce effectivement avec toutes ses attributions politiques et militaires. Adorée des légionnaires qu’elle visite dans leurs camps, qu’elle passe en revue, elle est saluée elle aussi du nom de mère des camps, de mère des soldats, d’empereur. Son nom figure sur les monnaies. Sa fermeté sut, pendant l’époque la plus troublée de l’histoire romaine, assurer le calme à la Gaule. Pendant que règnent à Rome de si pauvres empereurs, elle fait figure de grande souveraine.

L’éclat de Victorina pâlit devant celui d’une Zénobie, qui nous apparaît lumineuse et hiératique, dans le poudroiement d’or du soleil levant. Avec elle semblent ressusciter les fabuleuses figures des Nitocris, des Sémiramis. Avec la séduction et la beauté d’une Cléopâtre, elle a l’universelle érudition d’une de nos princesses de la Renaissance, qui, comme elle, s’amuseront à parler aux représentants de chaque nation leurs idiomes et à présider des académies philosophiques.

Le diadème impérial la pare, mais aussi le casque guerrier ; et après avoir présidé comme un sage le