Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/81

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conseil, elle sait se battre en soldat. Et nul plus bel hommage que celui de son vainqueur l’empereur Aurélien : « Ceux qui disent que je n’ai vaincu qu’une femme ne savent pas quelle était cette femme… prudente dans les conseils, persévérante dans ses décisions, ferme avec les soldats… C’est par crainte de ses armes que les Perses, les Arabes et les Sarrasins se tinrent en repos. »

L’influence exercée par les unes et les autres est d’autant plus remarquable qu’elle ne s’explique ni par une théorie de la souveraineté qui départit aux reines une partie du pouvoir du roi, ni par le principe de l’hérédité qui, dans les monarchies modernes, a permis à une femme d’être héritière ou tout au moins dépositaire de la suprême puissance.

La domination d’Agrippine, de Julia Domna (et après elle de ses nièces Soémias et Mammaea, celle-là vraie courtisane d’Orient, tout charme, langueur et cruauté ; celle-ci, vraie matrone des anciens âges) sont dues à leur seul ascendant et au consentement ou à l’assentiment tacite du peuple et des soldats, qui paraissent facilement admettre qu’une femme les commande, sans même la fiction d’une délégation du pouvoir masculin.

Les femmes sénateurs et magistrats. — On comprend mieux la tolérance de l’opinion publique vis-à-vis du despotisme féminin si l’on tient compte de ce grand fait, fort peu mis en lumière jusqu’ici par les historiens de Rome. Dans toutes les classes de la société, les femmes qui se livrent sans obstacle,