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La morale chrétienne féministe. La théologie chrétienne antiféministe. — Mais dès que le christianisme cesse d’être un petit cénacle groupé autour de Jésus, dès qu’il devient une Église avec ses dogmes et ses lois, l’esprit juif l’imprègne. Or celui-ci est nettement défavorable à la femme. Comme les Grecs et les Romains de l’âge primitif, les tribus d’Israël n’ont connu que le patriarcat ; elles l’ont pratiqué à la rigueur et justifié par les appréciations les plus injurieuses sur leurs compagnes. Eve a perdu l’homme et l’a condamné à travailler à la sueur de son front. Où trouver, dit Salomon, une femme qui ne soit inconstante et perfide ? Malfaisante, esclave de ses passions, soumise aux seuls caprices de ses sens, la femme n’a qu’un rôle : perpétuer le peuple élu et, pour le reste, obéir. Pour elle, ni pouvoirs ni honneurs. La religion même, à laquelle elle est soumise, n’est pas faite pour elle. Elle ne participe pas à l’enseignement des docteurs. Y eût-il des centaines de femmes dans le temple, nulle cérémonie ne peut être célébrée si dix hommes au moins ne sont présents. Nulle civilisation, nul système social ou religieux n’a humilié la femme comme la dure loi mosaïque. C’est l’esprit même de cette loi qui passe dans la théologie chrétienne pour, sur ce point comme sur bien d’autres, altérer l’enseignement du Christ.

Pour les Pères de l’Église, l’infériorité de la femme, sa subordination à l’homme de par les éternels décrets de la Providence restent un dogme pri-