Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/171

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au début du règne de Louis XVI, la coterie des agréables qui avait à sa tête les charmantes « sœurs maçonnes » r, Mlle de Fontenille, la marquise de Fraysse, introduit à Toulouse les modes et les danses de Paris[1].

Mlle de Rochebaron, à Lyon, tient un salon où fréquentent l’aristocratie, les lettrés locaux et où, parfois, apparaît une célébrité de la capitale, tel Voltaire[2].

À Besançon, le salon de Mme la Commandante, la duchesse de Talard, est le rendez-vous de toute la haute société. Mme de la Corse, femme de l’Intendant, tient également dans la capitale un bureau d’esprit fort achalandé[3].

« Quand le prince de Montbarey, qui est Comtois, devient ministre de la guerre, toute la garnison se précipite chez sa tante, la comtesse de Scey… À Nancy, la marquise de Lenoncourt et la marquise de Boufflers ouvrent leurs salons à la société la plus distinguée… À Poitiers, le salon de la marquise de Nieuil, femme d’un chef d’escadre, et ceux des marquises de France, de Montbrun et d’Asnières, ceux de Mme de Saint-Wast, veuve d’un receveur général, de la présidente Irland de Bazoges, de la comtesse de Laistre, ne désemplissent pas[4]. »

Dans les petites villes même, où parfois les petites sociétés de noblesse étaient aussi brillantes, aussi gaies que les grandes, les femmes des gentilshommes s’entendent à merveille pour organiser des réceptions où une certaine cordialité franche, une familiarité toujours de bon ton, remplacent l’apparat cérémonieux de la capitale. Ainsi, la société groupée à Autun autour de Mmes de Millery de Villette, d’Orsenne de Morcoux de Montagu ; autour d’elles, on danse, on joue à la paume, on se promène en carrosses, les élégants escortent les dames à cheval, on joue à colin-maillard. « À Thouars, en Poitou, la danse et la musique ont grand succès chez les Monbuelle d’Hus et leurs amis[5]. »

Dans les châteaux où elles rentrent, les mois d’été, les femmes de gentilshommes tâchent, à l’imitation des grandes dames de Paris, qui elles aussi résident quelques semaines ou quelques mois à la campagne, de retrouver la même vie.

  1. Vivie de Saint-Régis. Les femmes et la société de nos derniers parlementaires toulousains.
  2. De Gallien. La vie de province au xviiie siècle.
  3. Ardaschef. Les intendants de province sous Louis XVI.
  4. Carré. Loc. cit.
  5. Loc. cit.