Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/232

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currence avec les tailleurs pour les corps (de jupe) de femmes et enfants.

Comme sous l’ancien régime, les femmes pouvaient être dans leur communauté électrices et éligibles aux charges de jurées et prenaient part aux assemblées dans lesquelles étaient élus les chefs de la communauté et nommés les gardes jurés, les syndics et adjoints qui devaient régir les affaires de la communauté, et les députés qui représentaient cette communauté.

Mais la grande nouveauté de l’édit était l’admission des femmes dans toutes les corporations masculines. D’une part, en effet, les restrictions qui, dans la plupart des corporations où elles étaient autorisées à continuer le travail de leur mari, pesaient sur les veuves de maîtres, sont levées ; les veuves ont en effet la faculté de se faire recevoir à la maîtrise en payant seulement la moitié des droits exigibles dans les conditions ordinaires. D’autre part, il est nettement spécifié que, même en dehors du cas précédent, les filles ou femmes peuvent, à partir de 18 ans, se faire recevoir dans toutes les communautés d’hommes, sans cependant que, dans ces communautés masculines, elles puissent être admises à aucune assemblée ou exercer des charges. Réciproquement les hommes peuvent, dans les mêmes conditions, entrer dans les communautés de femmes.

Ainsi, l’édit d’août 1776, tout en rétablissant les corporations, reconnaît, dans une certaine mesure, la liberté du travail et s’efforce de faciliter aux femmes l’exercice d’un plus grand nombre de professions.

D’ailleurs, à côté des communautés où la maîtrise reste toujours le privilège d’une aristocratie (puisqu’il faut pour y parvenir payer toujours des droits assez élevés)[1], un certain nombre de métiers féminins sont rendus libres comme un plus grand nombre de métiers masculins. Linières, bouquetières, filassières, coiffeuses peuvent exercer leur profession librement et sans aucune réglementation.

iv. Essais d’instruction professionnelle

Il semble qu’à la fin du xviiie siècle on ait entrevu la nécessité de l’instruction professionnelle féminine et que l’on ait même tenté quelques efforts pour sa réalisation. Tandis que, comme nous le verrons, quelques écrivains et économistes déplorent que trop

  1. 100 livres pour les couturières, 500 livres pour les faiseuses et les marchandes de mode et pour les lingères.