Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/300

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xviie siècle, perdu ce droit pour Remiremont ; du moins l’élection du maire de cette dernière ville doit se faire en présence de l’abbesse.

Enfin, elle reçoit solennellement et suivant les formes traditionnelles l’hommage pour les seigneureries de Val d’Ajol, de Fougerolles, de Bruyères, de Bains, de Plombières, de Longchamps, qui dépendent de l’abbaye. L’abbaye de Remiremont, mieux encore que l’abbaye de Fontevrault et l’abbaye de Saintes ou l’abbaye de Jouarre, est donc bien, à la veille de la Révolution, une survivance des puissantes abbayes du moyen-âge dont les chefs, hommes ou femmes, tenaient une place si importante dans la hiérarchie féodale.

Mais seules les Bénédictines, les religieuses appartenaient à l’ordre de Cîteaux, les chanoinesses et les chevalières de Malte possèdent des terres et des revenus. Les autres ordres fondés depuis le xvie siècle et destinés plus particulièrement soit à la contemplation (Carmélites), soit au soin des malades et à l’instruction des femmes (Visitandines, Ursulines, religieuses de Saint-Vincent-de-Paul, Dames de la Charité), ne possèdent pas de terres et vivent des dons que leur font les personnes pieuses ou des revenus des établissements hospitaliers auxquels elles sont attachées.

D’ailleurs, au cours du xviiie siècle, la piété générale devenant de moins en moins vive, les communautés religieuses s’appauvrissent. À la veille de la Révolution, si l’on en excepte celles qui sont groupées en abbayes d’où relèvent de grands domaines terriens et des communautés de nature particulière, comme celle de Saint-Cyr, dont les domaines s’accroissent sans cesse, la plupart sont dans une situation voisine de la misère.

Sans doute, on trouve encore quelques riches abbayes ; dans le diocèse de Paris : Chelles (Bénédictines) ; l’abbaye du Bois (Cîteaux), le Val-de-Grâce (Bénédictines), le Panthémont (Cîteaux) sont pourvues, la première de 30 000, la deuxième de 23 000, la troisième de 20 000, la dernière de 57 000 livres de revenus[1] ; dans le diocèse de Meaux, les abbayes de Farmoutiers et de Jouarre (Bénédictines), pourvues respectivement de 20 000 et de 50 000 livres[2] ; dans le diocèse de Reims, les Bénédictines de Saint-Pierre, dont le revenu est de 35 000 livres[3] ; dans le diocèse de Lyon, les Bénédictines de Saint-Pierre, pourvues de 40 000 livres[4]. L’abbaye de Remi-

  1. Peigné Delacour. Tableau des abbayes et monastères d’hommes avec liste des abbayes royales de filles ; et Tuetey, Sources manuscrites de l’histoire de Paris.
  2. Peigné Delacour. Ibid.
  3. Ibid.
  4. Ibid.