Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/301

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remont avait un revenu de 30 000 livres, celle de Fontevrault de 80 000 livres. Mais la plupart des communautés, qu’elles soient de l’ordre de Cîteaux ou de Saint-Benoît, ont de maigres revenus qui n’excèdent pas 5 à 6 000 livres. Il en est (Notre-Dame-des-Prés, à Troyes ; Le Bue, près de Périgueux) qui doivent vivre avec 2 500 ou 2 000 livres. La plupart des communautés bretonnes sont très pauvres[1]. Il est bien difficile à des communautés qui groupent souvent 20 ou 30 femmes de vivre avec ces maigres revenus et elles doivent demander des ressources « aux aumônes des fidèles, aux rétributions scolaires de leurs élèves, au travail de leurs hospitalisés[2] ».

La pauvreté générale des couvents de femmes est une des causes, entre autres, qui permettra, en 1790, la dispersion de ces communautés.

ii. Organisation intérieure

Le gouvernement des communautés varie suivant les ordres. Les Bénédictines de Cîteaux, les religieuses de Fontevrault, les chanoinesses de Remiremont ont à leur tête une abbesse. Celle-ci, théoriquement élue par les religieuses, réunies en assemblée, est le plus souvent nommée par le roi qui la désigne au suffrage de la communauté. L’évêque a d’ailleurs le droit de présider en envoyant un procureur qui, assistant aux délibérations des religieuses à travers grille, en enregistre le résultat.

Les Carmélites n’ont pas d’abbesses, mais seulement une prieure. Leurs privilèges s’étendent d’ailleurs non seulement à l’élection de cette prieure, mais à l’élection du supérieur ou recteur qui est le chef suprême de chaque communauté.

Les autres communautés ont seulement à leur tête une supérieure, élue par les sœurs.

Les pouvoirs des abbesses, qui ont été très grands au moyen-âge, restent encore assez vaste. Au point de vue temporel, il est vrai, ces pouvoirs ont beaucoup décliné à l’époque moderne. Sans doute, les abbesses de Remiremont, de Saintes, de Fontevrault, les premières surtout, restent-elles de puissants personnages ayant autorité sur de vastes domaines ; mais la plupart des abbesses n’ont, dans ce qui regarde l’administration même de leurs domaines, qu’une indépendance très relative. Leur évêque, le roi semblent

  1. Rebillon. Le clergé dans les diocèses de Rennes, Fougère et Vitré.
  2. Ibid.