Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/372

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ces assemblées. « Tous les habitants de Vauchassis, Maine-au-Bois et Prugny, femmes comprises, se rendent devant le bailli de Vauchassis, de même à Luiyre. » [1] Ce fait vaut pour la Champagne seulement ; mais d’autres régions durent suivre la même pratique. Il faut signaler aussi ces deux faits caractéristiques : une vieille coutume, encore en vigueur à la fin du xviiie siècle, exigeait de tous les habitants de Saint-Christophe-de-Halatte l’assistance en personne à la chasse royale[2].

Lorsqu’on élabora le règlement pour la constitution des assemblées de quartier de la ville de Paris, préparatoire aux élections aux États Généraux, on décida que les femmes ne seraient pas admises à ces assemblées[3].

Le fait même qu’on se posait la question, montre bien que la participation des femmes aux affaires publiques était loin d’être une coutume totalement oubliée.

Il serait exagéré, sans doute, de tirer de ces quelques faits des conclusions générales et de soutenir que, toujours et partout, la femme du peuple jouissait de la capacité délibérative et exerçait des droits au suffrage. Mais ces faits prouvent, du moins, que la qualité de la femme n’était pas alors jugée incompatible avec l’attribution et l’exercice de ces droits.

iii. États provinciaux

La femme noble participe également, dans une certaine mesure, à la représentation de la noblesse aux États provinciaux, ceci, d’une manière directe ou indirecte.

La représentation aux États provinciaux dans les provinces où ils continuent à se tenir jusqu’à la fin de la Monarchie (Artois, Bourgogne, Bretagne, Dauphiné, Languedoc) est attachée, dans des conditions assez diverses, d’ailleurs, à la possession d’une terre noble.

Comme les femmes continuaient, nous l’avons vu, à être possesseurs de terres nobles dans les mêmes conditions que les hommes, elles prenaient part à la formation des États[4]. En Artois, tout

  1. Archives judiciaires de l’Aube, citées par Henry Babeau, Les assemblées d’habitants.
  2. Arch. Départ., Oise, H. 2364.
  3. Chassin. Les cahiers de Paris.
  4. Laferrière. Étude sur les états provinciaux, dans Séances et travaux de l’Académie des sciences morales, tomes 54-55.