De même que tout démocrate sincère doit vouloir répandre, dans les masses les plus profondes du peuple, l’instruction qui permettra à chacun d’exercer ses droits de citoyen, de même tout théoricien de l’émancipation féminine doit en voir la condition primordiale dans une réforme de l’éducation. Et, réciproquement, de même que les partis de réaction ont toujours été hostiles à l’éducation populaire, de même les autoritaires qui s’accommodent de l’assujettissement des femmes font, de l’ignorance féminine, absolue ou relative, la clef de voûte de leur système social.
Dans les discussions ardentes qu’a soulevées, au xviiie siècle, le problème de l’éducation féminine dans les innombrables études, les unes théoriques, les autres pratiques, consacrées à cette question, nous distinguerons aisément les deux courants d’idées que nous avons, dès l’origine, déterminés. Les libéraux, qui jugent la femme égale à l’homme par sa capacité intellectuelle et susceptible, au besoin, des mêmes destinées, tracent à la femme un programme encyclopédique ; les traditionalistes, conscients ou non, qui prétendent emprisonner la femme au foyer et circonscrire son activité dans les bornes de la famille, ne veulent lui assurer qu’un minimum, et le plus étroit possible, de connaissances pratiques.
Les uns et les autres sont d’ailleurs pleinement d’accord sur un point : la critique du système éducatif en vigueur de leur temps. Ce