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Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/456

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les ressources de sa dialectique et de son érudition qu’afin de prouver que la femme, plus que l’homme, est capable de constance ; Mme de Coicy termine sa longue et précise étude sur les professions féminines en demandant l’octroi d’une décoration à toutes les femmes dont les maris se seraient distingués. Mme de Puisieulx qui, plus que toutes les autres, semble consciente de la haute dignité de son sexe et dont l’ardeur combative rappelle parfois celle des féministes contemporaines, ne demande aucun changement dans la situation et les droits respectifs des deux sexes. « Que les choses, conclut-elle, restent dans l’état où elles sont ! » Que seulement les femmes s’instruisent pour forcer le respect des hommes. Chaque fois la montagne accouche d’une souris.

v. La capacité politique de la femme

Ce qui, pour nos contemporains, a longtemps synthétisé le féminisme, c’est la revendication par la femme des droits politiques. Naturellement, il ne peut être question, pour la femme, de réclamer des droits dont les hommes mêmes ne sont pas pourvus, et d’ailleurs, nous l’avons vu, certaines privilégiées possèdent une part des droits politiques masculins. Cependant, la question de la capacité politique des femmes s’est posée et semble avoir préoccupé, à mainte reprise, non seulement les apologistes professionnelles du sexe faible, mais les plus marquants des écrivains. C’est même ceux-ci, plus que celles-là, qui insistent sur une question si importante aujourd’hui pour les femmes, mais qui, alors, et jusqu’à l’apparition de l’ouvrage de Condorcet sur la Constitution et les fonctions des assemblées provinciales, n’avait pour eux qu’un intérêt historique. Naturellement, Mme de Coicy, Mme de Puisieulx, Mlle Archambault et avec elles Mme Galien(1)[1], Mme Gacon-Dufour[2] rompent des lances en faveur de l’égalité des aptitudes politiques entre les deux sexes. Et elles évoquent, avec les Sémiramis, les Nitocris, toutes les reines d’Orient plus ou moins légendaires, les Élisabeth, les Catherine de Médicis et, si elles vivent à la fin du siècle, les Marie-Thérèse et les Catherine II. Mais il s’agit seulement de prouver par là que les deux sexes ont reçu en partage les mêmes facultés, et non de réclamer des droits politiques et une

  1. Mme Galien. Apologie des femmes.
  2. Mme Gacon-Dufour. Mémoire pour le sexe féminin.