Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/467

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Le plus ordinairement, les préoccupations portent sur l’enseignement primaire, celui pour lequel il y avait à faire le plus. Nombreux sont les cahiers qui demandent, comme le cahier général du Tiers de Paris, que l’on établisse « dans chaque paroisse comptant plus de cent habitants, un maître et une maîtresse d’école pour instruire les enfants de l’un et l’autre sexe » [1].

La plupart du temps, les vœux formés sur ce chapitre se résument en cet article assez succinct. Parfois, cependant, les cahiers nous permettent d’entrevoir comment ils conçoivent l’organisation de l’enseignement féminin. Il importe, dit le cahier de la paroisse de Bret (sénéchaussée de Saint-Maixent), « de séparer nettement dans les établissements d’enseignement public les filles des garçons, la délicatesse exigée pour l’éducation de celles qui doivent être un jour la portion la plus respectée et la plus chérie de la nation » n’étant pas compatible avec le mélange de ces sexes communément pratiqué[2].

Mais quelles seront ces maîtresses qui enseigneront les filles dans les classes et dans les écoles séparées ? On envisage, la plupart du temps, qu’elles doivent être, suivant la coutume établie, des religieuses. Tel est le vœu formel de l’Université d’Orléans, du Tiers de Toul, du Tiers-Etat du bailliage de Bar-le-Duc et de Cambrai, qui veulent voir dans l’enseignement des filles la principale utilité des communautés religieuses féministes[3]. Le plus souvent, on se contente, sans spécifier autrement, que l’enseignement féminin sera entre les mains des religieuses, de demander qu’il soit sous la surveillance du clergé.

« Les écoles de campagne, dit le clergé du Vermandois, doivent être inspectées par les curés, dont l’approbation sera nécessaire pour les maîtres et les maîtresses » [4]. Le clergé de Paris, hors les

    d’Angoulême, de Niort, de Saint-Maixent, le cahier du Tiers de Cambrai, le cahier du Tiers de Bretagne, le cahier de la noblesse de Riom et du Tiers de Clermont-Ferrand, le cahier de l’Université d’Orléans, le cahier du clergé et du Tiers de Toulouse, En Provence, seul le cahier de la ville de Marseille fait mention de l’instruction des filles. On ne forme aucun vœu concernant renseignement féminin dans les cahiers bretons.

  1. Cahier de la noblesse, du clergé de Paris, hors les murs. Cahiers de Belleville, de Bessancourt ; cahier du Perche ; cahiers du clergé du Vermandois ; cahier du Tiers de Troyes, cahier de la paroisse de Bret (sénéchaussée de Saint-Maixent).
  2. Cahiers de la sénéchaussée d’Angoulême. Même vœu dans les cahiers du Boulonnais.
  3. Cahiers du bailliage d’Orléans ; cahiers du Tiers État de Toul, cahier du bailliage de Bar-le-Duc.
  4. Cahier du Vermandois.