Page:Abensour - Le Féminisme sous le règne de Louis-Philippe et en 1848, 1913.djvu/354

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Et puis, les théories féministes, peu sympathiques par elles-mêmes aux contemporains, furent irrémédiablement compromises par leur union étroite avec les doctrines socialistes. Nul ne sut discerner qu’il n’y avait entre les deux systèmes qu’une union de fait, et le féminisme souffrit cruellement, sous le second Empire comme sous le premier, de la victoire remportée par les défenseurs de l’ordre établi. Une fois encore, on put croire que toute tentative d’affranchissement de la femme était œuvre vaine et chimérique, tellement chimérique et tellement vaine que le souvenir même en était effacé. Mais qui pourrait maintenant porter un jugement semblable, alors que les utopies d’hier sont les réalités d’aujourd’hui ? Féministes de la première heure, votre œuvre ne fut pas vaine, ni stériles vos patients efforts. Nulle grande découverte qui ne suppose d’innombrables expériences manquées ; pas de marbre divin tout palpitant de vie sans une ébauche informe et fruste. Pas de grand changement politique ou social qui n’ait eu ses précurseurs obscurs et malheureux.