aimées, mais uniquement les accessoires d’une comédie de trahison [1]. »
Et un revirement se fait dans leur âme. Dans ces deux hommes, elles ne voient plus leur beau-frère, leur mari, mais deux étrangers, deux ennemis. Elles vont les combattre par leurs propres armes, le mensonge et la ruse.
Tranquillement les deux sœurs poussent la porte de la salle à manger, et vont s’attabler avec eux. Elles affectent le calme, plus, la gaîté et elles leur offrent une bonne bouteille.
Mais, dans le flacon poudreux, l’une des sœurs a versé une partie de l’arsenic destiné à nos soldats…
Elles sont veuves, et la garnison de Longwy sera sauvée.
« Nous avons empoisonné, disent les deux sœurs, décidez de nous, livrez-nous à la justice ou bien postez-nous au chevet de nos blessés ».
Depuis lors les « veuves volontaires » sont infirmières. L’exploit n’est-il pas digne des vieux Romains de la légende, n’évoque-t-il pas les ombres de Lucrèce et de Brutus ? et quel Corneille trouvera des vers assez sublimes pour immortaliser les angoisses de ces cœurs féminins tenaillés entre l’amour et le patriotisme victorieux ?
Les Allemands nous faisant la guerre avant de nous l’avoir déclarée, envahissent dès les premiers jours d’août les villes et les villages frontières. Le départe-
- ↑ Paul d’Ivoy, Femmes et gosses héroïques. Flammarion, éditeur.