Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/189

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faut te lever et suivre tes camarades. Les Allemands vont arriver et ils te tueront. Mais il était épuisé par la dysenterie. Il n’en pouvait plus et me répondit d’une voix mourante : « qu’ils me tuent s’ils veulent ! je suis à bout de forces. »

Alors je l’ai porté comme j’ai pu à l’hospice. Mais où le mettre ? Le pauvre petit me disait. « Mettez moi dans le dortoir. Vous direz que je suis un de vos vieux. » Voyez vous ça ; avec cette pauvre figure d’enfant ! Je me disais : si les Allemands le découvrent, ils vont tout massacrer ! » Alors j’ai eu une idée. Je lui ai arrangé un lit dans un petit cabinet à part et j’ai accroché sur la porte une belle pancarte où j’ai écrit en grosses lettres : Contagieux !. Que le Bon Dieu me pardonne ce petit mensonge !

Voilà que les premiers obus allemands éclatent ; bientôt c’est un terrible bombardement. Tout s’écroule partout. Mes pauvres vieux étaient fous de peur ! Aidée de mes sœurs, je les descends tant bien que mal à la cave et je les installe sur des matelas. Nous avons passé là de pénibles instants, à la lueur d’une lampe pigeon.

Enfin, vers 5 heures du matin, le bombardement cesse et j’entends un bruit cadencé de grosses bottes ! C’était l’infanterie allemande qui arrivait. Puis des caissons, des canons et des canons !

Que faire ? Je ne sais pas un mot d’allemand. Je me dis : ils ne comprendront pas un mot de ce que je vais leur dire si je leur parle. Je suis Auvergnate.

Qu’est-ce que je fais ? J’écris bien lisiblement sur un papier à peu près cela : « Messieurs, je suis restée ici