Aller au contenu

Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pourtant, ont admiré avec quel courage les femmes françaises leur apportaient des pommes de terre et du pain frais dans les tranchées de première ligne. N’en vit-on pas d’autres, par un geste bien français, ajouter à leurs vivres quelques fleurs ? « Je puis vous assurer, écrit à sa famille un soldat anglais, que les femmes françaises sont les plus courageuses que j’aie vues ».

L’offensive de septembre 1915 a eu son héroïne en la personne d’Émilienne Moreau. Cette jolie jeune fille brune de dix-sept ans, aux traits fins, aux grands yeux sombres, à la taille élancée, l’air très enfant encore, et cependant parée d’un grand charme féminin est la fille d’un chef porion du Nord, la cadette d’une belle famille de quatre enfants qui, lors de la déclaration de guerre, s’était fixée et vivait heureuse à Loos en Gohelle où la jeune Émilienne exerçait avec dévouement et plaisir son métier d’institutrice.

En août et septembre 1914 ce sont les angoisses que souffre alors toute la France, en octobre l’invasion de la petite patrie. Alors les malheurs s’abattent autour d’elle et sur elle. Il faut vivre dans une ambiance de péril et de terreur, en un pays occupé par les troupes ennemies où bientôt les vivres se font rares. On souffre de la présence étrangère et l’on souffre de la faim.

Émilienne Moreau voit mourir son père et, loin de pouvoir rester plongée dans sa douleur, il lui faut — car le bois manque et les ouvriers sont partis —, chercher les