Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/254

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populaires, germe du comité de secours et d’alimentation, grâce auquel sont ravitaillées les provinces belges et nos départements envahis. Par ses soins les femmes purent trouver la nourriture dans toutes les écoles de la capitale transformées en cantines provisoires.

Quand le 18, les Allemands entrent à Bruxelles, ils ont en face deux, en la personne de Mme  Carton de Wiart une ennemie de la même trempe que le bourgmestre Max. Brûlant comme lui, d’un ardent patriotisme, comme lui spirituelle et dédaigneuse, elle dissimule comme lui sous une politesse froide et une mordante ironie, sa haine implacable, son écrasant mépris des grossiers bourreaux. Ils envahissent le ministère où elle habite et elle ne daigne pas leur céder la place ; sa présence est pour les Allemands un vivant reproche. Sans cesse, ils la rencontrent hautaine, silencieuse, vêtue de noir, image de deuil de son pays.

Comme avant l’occupation allemande, tous les quartiers de Bruxelles la revoient, prête au soulagement des malheureux. Associée avec deux américaines, Mme  Gaston de Laval et Miss Caroline Hœdger, qui alors ont bien mérité de la Belgique et de l’humanité, elle crée des œuvres de protection de l’enfance, œuvres d’assistance, services médicaux, non seulement dans la capitale, mais dans toute la Belgique et jusqu’aux portes d’Anvers où leur action réussit à enrayer le typhus.

Sa popularité déjà immense grandit encore et les Allemands la poursuivent de la même haine que l’héroïque bourgmestre. Comme lui, elle symbolise l’âme indomptable d’un peuple qui ne veut pas abdiquer.