field en Angleterre, la doyenne des femmes serbes s’improvise colonel et capitaine instructeur. Elle distribue en compagnies les femmes qui accourent très nombreuses à son appel, et leur apprend, donnant elle-même l’exemple, le maniement du fusil et de la pioche. De curieuses photographies nous représentent, toujours sous leur pittoresque costume, au printemps de 1915 des femmes de la campagne serbe, s’exerçant au tir derrière le parapet de tranchées par elles creusées, d’autres faisant leur apprentissage des services de l’arrière, ravitaillement, signaux, transport des blessés. Il s’agit donc là, avec plus de spontanéité, moins d’organisation et de richesse, d’un groupement de tout point semblable à la Women’s volunleer reserve.
Mais si celle-ci dans un pays surpeuplé et à l’abri de l’invasion, était en quelque sorte du luxe, la Ligue de la mort put, en une contrée dépeuplée par trois guerres, jouer un rôle utile, nécessaire et glorieux.
La résistance des femmes serbes à l’invasion, se marque par mille épisodes d’un caractère romanesque, comme celui-ci que raconte, pour en avoir entendu le récit de l’héroïne elle-même, un de nos soldats :
Près de Chabatz, alors qu’une batterie serbe est au repos on amène au colonel une femme. Je la regarde.
Une jeune paysanne, une vraie. Les frusques ne sont pas un déguisement.
Je vois à l’air du colonel qu’il se fait une réflexion du même genre, car sa figure se détend. La femme est immobile, fixant devant elle des yeux de folle. Une carapace de boue