Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/64

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rées en même temps qu’eux et en même temps qu’eux rentreront dans leurs foyers.

Aux vendeurs de journaux ont succédé les vendeuses. Elles sont gentilles généralement, ces petites vendeuses de journaux parisiens. Jeunes la plupart du temps (il faut être jeune pour exercer un métier, somme toute assez dur ; jolies et sémillantes souvent (pourquoi pas ?) parfois même coquettement habillées. Si leurs doigts sont noircis par l’encre fraîche, du moins leur allure est-elle gracieuse et arborent-elles souvent un joli minois. Et les bras chargés des feuilles qui s’envolent peu à peu, elles s’essaiment, courageuses, de la rue du Croissant vers tous les quartiers parisiens, vous accueillent devant les gares, à la sortie des métros, et distribuent l’espérance à la terrasse des cafés.

Elles ont renouvelé à leur usage les mœurs et coutumes de leurs confrères. Plus de courses échevelées le long des boulevards, plus de ces cris indistincts et assourdissants où se complaisaient naguère les crieurs de journaux. Elles circulent « comme tout le monde » et d’une voix nette et posée, offrent leur marchandise. Quelques-unes, même, font preuve de psychologie. Au début de notre offensive de la Somme, un reporter sans doute de passage aux environs des Variétés, entendit une toute petite journaliste (quinze ans au plus) faire aux passantes cette offre engageante.

« Liberté ! Intransigeant ! Bonnet Rouge ! y a des bonnes nouvelles ! »

Il s’enthousiasma pour le zèle patriotique de la brave petite parigote. La réalité est bien plus jolie.