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Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/65

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Tous les jours depuis des mois, depuis sans doute qu’elle est « dans le métier » la blondine qui a choisi pour champ de manœuvre le boulevard Montmartre, passe entre les tables des grands cafés en annonçant de bonnes nouvelles.

N’est-ce pas la bonne nouvelle que tous nous sommes avides d’apprendre, n’est-ce pas elle dont l’espérance nous fait vivre. Et n’est-ce pas là une trouvaille délicieuse, bien féminine que de satisfaire ainsi par avance notre besoin d’espoir et, s’il fallait, de nous suggérer l’optimisme ?

Tenus par des femmes aussi, la plupart des innombrables petits métiers parisiens. De respectables matrones vendent cartes postales et plans de Paris, d’autres débitent jouets ou dernières inventions et l’on peut même voir en certains quartiers la remouleuse repassant ses couteaux, la raccommodeuse de porcelaines installée au pied d’un mur comme feu le raccommodeur.

Il est impossible de n’être pas frappé du changement de physionomie qu’offrent dès lors ces divers petits métiers, aujourd’hui féminisés. Autant les camelots étaient bruyants, mal tenus, « voyous » en un mot autant les « camelotes » sont gentilles et correctes.

Avec elles moins de débraillé, de laisser aller, moins d’articles et de publications immorales sous nos yeux. Sans doute les étrangers, et les vrais parisiens trouveront que nos rues et boulevards ont, du fait de ces humbles remplaçantes gagné en ordre et en décence. Alors que tant de carrières exigeant l’endurance ou la force des bras vont s’ouvrir aux hommes, pourquoi tous