Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/66

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les petits métiers parisiens où triompheraient l’ingéniosité féminine, où la gentillesse ne nuit pas, ne seraient-ils pas à l’avenir l’apanage exclusif des femmes ? Les mêmes réflexions nous doivent être suggérées par l’emploi des femmes dans les cafés et restaurants. Sous Louis Philippe, déjà des féministes intelligentes réclamaient pour elles l’ouverture de cette nouvelle profession : Faut-il tant de force, disaient-elles ironiquement, pour verser du chocolat ou du café ? Pourtant les révolutions passèrent et les femmes ne revêtirent pas le symbolique tablier. La guerre même n’a pas amené ici comme ailleurs de transformation radicale.

On compte, il est vrai, beaucoup de serveuses, de maîtresses d’hôtel, « d’étagères » dans les restaurants ; quelques-uns même ont recruté un personnel uniquement féminin. Quelques cafés, ont appelé à eux ce même personnel. Mais les femmes « garçons de café » sont en somme plutôt rares et nulle gérante ne fait les cent pas à l’heure qui fut verte, devant les terrasses surpeuplées.

Est-ce, comme le dit un publiciste qu’il y faut « une politesse méprisante, un détachement de tout, un dégoût de compliments et une satisfaction de soi-même qui ne sont pas du tout l’apanage des femmes ? »

Est-ce que le métier est réellement trop dur, trop fatigant pour de faibles femmes ? Il est plus vraisemblable que beaucoup de patrons d’établissement ont craint la réputation fâcheuse qui jusqu’à présent s’est toujours attachée aux « brasseries de femmes » et, fidèles gardiens de la moralité publique ont, pour éviter à leurs clients